Lettre d’amour

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Cette nouvelle entrée n’est pas en rimes – uns fois n’est pas coutume ! Cela a commencé par une réflexion autour d’une pensée de Spinoza (« Le désir est une puissance. ») et son application a l’amour sécure, et s’est transformé en ce qui suit.

L’amour vrai est sécurisant. Il n’est pas dans l’intensité des hauts et des bas. Il n’est pas dans l’alternance entre fusion et évitement. L’amour est une puissance tranquille, ferme, inébranlable qui se vit au présent, avec et dans ce qui est.

Mon Dieu, Tu es dans cet amour-là. Constance, pas de changement en Toi. Tu ne Te démens pas. Tu ne me délaisses pas. Tu ne me rejettes pas. Tu ne m’étouffes pas non plus, Tu me laisses libre. Tu as choisi de m’aimer, jusqu’au bout, et ce avant même que je ne m’intéresse à Toi. Tu continues de m’aimer même lorsque moi, je Te rejette. Et je pense à Osée, cet homme à qui tu as demandé d’épouser une prostituée et de l’aimer malgré ses infidélités. Par son histoire, Tu as voulu illustrer ce que Tu vis avec nous, avec moi. Tu tends la main, encore et encore, même si Tu sais pertinemment que j’ai trahi notre relation, que je suis tombée bas et que peut-être, sûrement même, je Te trahirai de nouveau. 

Tu crois en la puissance de l’amour, Tu crois en Toi, en Ta capacité de faire face quoi que je fasse. Tu crois en Ton pouvoir de transformation, car Ton amour ne laisse pas indifférent. Et je sais, c’est cet amour-même que Tu veux que je vive à mon tour. Mais je réalise que ça m’est complètement inaccessible, tant que je n’ai pas compris à quel point Tu m’aimes, à quel point Ton amour est solide ; tant que je n’ai pas ingéré, fait mienne cette solidité, cette sécurité émotionnelle que Tu me donnes.

Jésus, Tu es venu sur terre, Tu T’es incarné, Tu as vécu comme un bébé vulnérable, dépendant des autres pour sa survie et sa croissance. Tu as supporté la misère, la saleté, l’adversité, la souffrance environnantes ; Tu y as Toi-même goûté. Tu as supporté, au propre comme au figuré, douze hommes, plus tous les autres qui Te suivaient, qui n’étaient pas en capacité de T’aimer, de Te comprendre et de Te soutenir pleinement. Pourtant, Tu as continué avec eux. Tu as été rejeté par des grands comme par des petits, par des instruits comme par des ignorants. Et Tu as continué quand même.

Tu savais, dès l’âge de douze ans au moins, que Ta mission sur cette terre, c’était de mourrir – mourrir pour ces gens-là même qui n’en ont rien à faire, qui ne Te comprennent pas, qui sont obnubilés par eux-mêmes, qui suivent leur propre projet même quand ils disent Te suivre, Toi. Il y avait de quoi désespérer face à l’ignorance, face à l’indifférence, face à l’adversité assumée. Mais Tu n’attendais rien d’eux ! Tu n’avais pas besoin qu’ils soient différents pour que Tu sois qui Tu es ! Leur regard ne pouvait rien y faire, leurs réactions non plus. Tu étais, et Tu es encore aujourd’hui, résolu. Déterminé. Obstiné même. À être qui Tu es – l’amour avec un grand A – l’Amour personnifié. Cet amour-là aime parce qu’Il est, pas parce qu’Il est aimé. Il aime parce que c’est Sa nature, parce que c’est Son essence, Son identité. Il ne se perd pas en l’autre. Il se donne volontairement. Et même si Tu as souffert de l’indifférence, du rejet, de l’ignorance – ce n’est pas pour Toi que Tu avais mal, mais pour ceux qui T’ont rejeté. Tu connais Ton pouvoir – un pouvoir de transformation, de régénération, de délivrance. Quand Tu donnes, Tu T’enrichis. Quand Tu partages, Tu multiplies. Tu transmets de l’un à l’autre, dans une chaîne continue, éternelle, puissante, la graine de la Vie.

Je veux vivre de cette Vie, me brancher à Toi, ma source. Je veux me nourrir de Toi, de Ton amour, de la sécurité que Tu me donnes. Je veux puiser en Toi ma valeur, ma confiance, ma raison d’être. Je veux être un canal qui à son tour vit, incarne, transmet l’amour inconditionnel, l’amour vrai, l’amour ancré en qui je suis et qui je veux être en Toi.

Sur cette croix, Seigneur Jésus, Tu as souffert le pire : Tu as vécu l’angoisse extrême – celle d’être coupé de Ta source à Toi, du Père. Et je réalise à quel point cette angoisse est la mienne souvent, sans que je ne m’en rend compte : parce que j’ai été moi aussi coupée de la Source. À la différence près que cette coupure, c’est toujours moi qui l’ai initiée ! Oui, cette vie sans Toi, elle est angoissante, terrifiante même ; elle est glaciale, monstrueuse. Je reconnais aujourd’hui que chaque rayon chaleureux, chaque amitié, chaque tendresse que j’ai reçus sont l’effet de Ton amour pour l’humanité. Quelle grâce ! 

Et parce que Tu donnes sans détour, parce que Tu ouvres Tes bras généreusement, je viens. Je viens à Toi telle que je suis : apeurée, assoiffée, ébranlée, meurtrie. Je viens, Seigneur, me cacher sous Tes ailes protectrices. Je viens me blottir dans Ton étreinte réparatrice et aimante. Je viens. Je T’ouvre mon cœur afin que Tu réalises ce que Tu as promis : « Moi en eux, et Toi en Moi », afin d’être un avec Toi, Amour infini.

Je ne sais comment terminer cette lettre. En fait, je ne veux pas la terminer. Je veux la continuer minute après minute, jour après jour, jusqu’à ce que je Te voie, jusqu’à ce que Tes bras m’enlacent là-bas, devant la mer de verre, où je pourrai Te dire les yeux dans les yeux combien je T’aime.

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